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Le don d'organes à La Rochelle

 

Le don d'organes à La Rochelle

 

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Le choix de donner ses organes est une décision importante qui doit faire l’objet d’une réflexion personnelle anticipée.
En 2015 en France, plus de 5000 patients ont bénéficié d’une greffe sur les 20 000 inscrits en liste d’attente. Chaque année dans le monde, des milliers de malades meurent faute de greffon disponible. Parmi les moyens disponibles pour faire connaitre ses préférences en matière de don d’organes, la détention d’une carte de donneur est indicative de la position du détenteur mais n’a pas de valeur légale (elle n’est ni opposable ni contraignante, mais peut aider la famille et l’équipe soignante à prendre la bonne décision). En effet, au moment du décès, l’équipe soignante s’en remet à la famille pour connaitre les souhaits du patient. Il est donc primordial que chacun informe ses proches de sa position personnelle en matière de don d’organes et de tissus.
Malgré une hausse significative (mais insuffisante) du nombre de transplantations réalisées en France chaque année, le volet transplantation de la loi de santé votée en 2015 visant à augmenter le nombre d’organes prélevés (amendement 46 ter), suscite de nombreux débats. Si cette loi est validée par le Conseil Constitutionnel, elle s’appliquerait dès 2017.


Au sein du Groupe Hospitalier, la coordination du don d’organes et de tissus réalise chaque année quinze à vingt prélèvements multi organes sur donneurs décédés, taux plus élevé que la moyenne nationale.

Le Docteur Olivier LESIEUR, médecin réanimateur et coordinateur médical du don d’organes et de tissus, nous présente cette structure.


Dr Lesieur, vous êtes coordinateur de la structure depuis dix ans, présentez-nous votre équipe et votre activité ?

Dr O.L. "La coordination hospitalière des dons d’organes et de tissus (CHPOT) du Groupe Hospitalier de La Rochelle-Ré-Aunis s’est progressivement développée en suivant les évolutions successives de la loi de bioéthique (1994, 2004 et 2011).

Un prélèvement multi organes est une activité multidisciplinaire qui mobilise, pendant plusieurs heures, une cinquantaine de personnes toutes disciplines confondues (urgences, réanimation, radiologie, neurologie, laboratoire, bloc opératoire et chambre mortuaire). Les organes prélevés sont transportés vers les centres greffeurs qui sont le plus souvent des CHU. Le Poitou-Charentes, le Limousin et la Bretagne sont les régions françaises qui ont la plus forte activité de prélèvement d’organes sur donneurs décédés.
En 2015, dix-huit patients décédés dans le service de Réanimation du Groupe Hospitalier ont fait don de leurs organes au bénéfice d’un ou plusieurs receveur(s). Grâce à leur générosité, quarante-quatre patients ont pu bénéficier d’une transplantation. Vingt-sept personnes décédées ont également offert leurs cornées pour que d’autres retrouvent la vue. Dans tous les cas, ce sont les proches qui ont témoigné de la volonté du défunt."


En 2015, la CHPOT du GHLRRA a reçu la certification de l’agence de la biomédecine. En quoi consiste-t-elle ?

Dr O.L. "La certification récompense le groupement hospitalier pour son investissement dans le domaine du prélèvement d’organes. Depuis un an et demi, les coordinatrices de la CHPOT et leurs partenaires (GHLLRA, ambulances, taxis, avionneurs, aéroport, SNCF, UDAF, agence de la biomédecine, banque de tissus, tribunal de grande instance, commissariat, pompiers) ont mis aux normes les procédures opérationnelles en lien avec cette activité. Leur travail sert aujourd’hui de modèle à d’autres établissements hospitaliers en phase d’autoévaluation (phase préalable à la certification). Cette certification est un gage de qualité qui favorise l’amélioration des pratiques professionnelles."


Dans quels cas réalisez-vous un prélèvement d’organes et de tissus ?

Dr O.L. "A l’exception du don de rein qui peut se faire entre personnes vivantes (le donneur peut vivre avec un seul rein), le don consiste en un prélèvement d'organes ou de tissus sur un donneur décédé. Les organes ou les tissus (comme la cornée) ainsi prélevés peuvent être greffés à un ou plusieurs receveur(s) souffrant de maladies très graves.
Au préalable, une évaluation très rigoureuse de la qualité des organes est réalisée (il existe des contrindications au don d’organes). Le témoignage de la famille permet ensuite de connaître les volontés du défunt.
Les causes de décès des donneurs sont principalement les accidents vasculaires cérébraux, les traumatismes crâniens, les arrêts cardiaques prolongés. Les accidents vasculaires cérébraux (hémorragie cérébrale, hémorragie méningée ou accident vasculaire ischémique) sont de loin la cause principale de décès des donneurs décédés "à coeur battant" (donneurs décédés de mort encéphalique)."


Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste la Loi Santé 2015 mise en place sur le don d’organes ?

Dr O.L. "Même si 79% des français se déclarent favorables au don d’organes, l’écart entre le nombre de patients inscrits en liste d’attente et le nombre de greffons disponibles pour la transplantation ne cesse de croître. Le taux de refus du don d’organes est très élevé en France (supérieur à 30 %, deux fois plus qu’en Espagne). Deux raisons principales peuvent expliquer ce phénomène. Le plus souvent, la position du défunt n’est pas connue et sa famille ne peut se résoudre à prendre la décision pour lui. Plus rarement, la famille, traumatisée par la perte d’un être cher, refuse le prélèvement alors que le patient était favorable au don. Dans un tiers des cas, que la position du défunt soit connue ou non, le proche qui a refusé le prélèvement regrette son choix sitôt après les funérailles.
Dans la loi de santé (amendement 46 ter), le parlement a souhaité renforcer le principe du consentement présumé qui dit que toute personne décédée qui ne serait pas inscrite sur le registre national du refus est supposée favorable au don ("qui ne dit mot consent"). Depuis 1996, il est en effet possible de s’inscrire sur ce registre pour s’opposer au prélèvement post mortem des éléments de son corps. Les coordinatrices consultent obligatoirement ce registre dès lors qu’un prélèvement d’organes ou de tissus est envisagé.
En d’autres termes, pour que les proches soient soulagés du poids de la décision, la loi prévoit que « le prélèvement peut être pratiqué sur une personne majeure dès lors qu’elle
n’a pas fait connaître, de son vivant, son refus d’un tel prélèvement, principalement par l’inscription sur un registre national automatisé prévu à cet effet » (article L. 1232-1 du code de la santé publique). En pratique, même en cas de non inscription sur le registre, passer outre les réticences, voire l’opposition d’une famille est impensable. Une telle attitude pourrait aggraver la souffrance du deuil. Au contraire, les familles qui ont bénéficié de sollicitude, d’écoute, d’empathie, d’explications et d’un accompagnement de la part des équipes soignantes adhèrent plus facilement au projet de prélèvement pour la greffe, projet qui donne alors un sens à la perte de l’être cher."

 

Les idées reçues sur le don ?

« Je donne mon corps à la science, car je suis trop vieux pour que mes organes soient greffés à d’autres personnes ».

Faux : les donneurs d’organes les plus âgés en France avaient plus de 90 ans (organes prélevés, greffés et reprise de fonction).

« Je ne veux pas donner mes cornées car cela va abimer mes yeux ».

Faux : la cornée est ce minuscule film translucide situé devant l’iris et la pupille qui ne sont pas concernés par le prélèvement.

« On va me découper pour prendre mes organes ».

Faux, un prélèvement d’organes est une intervention chirurgicale minutieuse, réalisée au bloc opératoire dans le plus grand respect de la personne décédée, avec une restauration tégumentaire qui ne laissera aucune trace des prélèvements effectués.

« Avec mon cancer, je ne pourrai jamais donner mes organes ».

Faux, certains cancers localisés ou en rémission ne sont pas contradictoires avec un don d’organes pour la greffe.


C’est pourquoi il est important de rappeler:

  • > Il n’y a pas de limite d’âge pour donner ses organes ;
  • > Il existe finalement assez peu de contre indication au don d’organes ;
  • > Les yeux ne sont pas prélevés, uniquement la cornée ;
  • > Les interventions de prélèvement sont réalisées dans le plus grand respect du corps de la personne décédée ;
  • > Il faut communiquer sa position à ses proches pour qu’elle soit transmise à l’équipe soignante et respectée ;
  • > Une personne mineure (à partir de 13 ans) ou majeure peut s’inscrire sur le registre national du refus sans avoir à donner d’explications.

 

 

Prochaines rencontres :

  • - Information grand public Chatelaillon-plage, salle beau séjour, le mardi 22 mars 2016 18H30
  • - Journée nationale du don 22 juin 2016
  • - Journée mondiale du don 17 octobre 2016/strong>


Pour plus d’information : le particulier n°1118, février 2016, p 58-63

 

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