Zoom sur la prise en charge du cancer du sein
Zoom sur la prise en charge du cancer du sein
Le Groupe hospitalier s’est mobilisé en octobre dernier dans le cadre d’Octobre Rose, campagne nationale d’information sur le cancer du sein.
Cette mobilisation est le reflet d’une implication quotidienne des équipes de soins dans la prise en charge de cette pathologie.
Entretien avec le Docteur Yannick THIROUARD chef du service gynécologie-obstétrique du Groupe Hospitalier de La Rochelle-Ré-Aunis.
Docteur THIROUARD, qu’est-ce que le cancer du sein ?
Il s’agit de la prolifération de cellules épithéliales de la glande mammaire entrainant la formation d’une masse dans le sein. On distingue ainsi les cancers in situ et les cancers infiltrants.
Avec plus de 54 000 nouvelles personnes touchées chaque année, le cancer du sein est le cancer féminin le plus répandu, devant le cancer colorectal et le cancer du poumon. En effet, une femme sur neuf est confrontée à cette maladie. Le risque augmentant avec l'âge, 10 % des cancers du sein surviennent avant 40 ans, alors que 75% d’entre eux sont diagnostiqués à partir de 50 ans.
Après avoir doublé entre 1980 et 2005, l'incidence semble depuis, en phase de stabilisation. La mortalité quant à elle n’a pas augmenté depuis les années 80. Ceci s’explique par les progrès en termes de dépistage et de prise en charge. Aujourd'hui, plus de 3 cancers du sein sur 4 sont guéris. Les hommes ne sont pas exclus. Certes plus rares, ils représentent néanmoins 1% du nombre total de cancers du sein et 0,5% des cancers masculins.
Quels sont les enjeux du dépistage ?
Le dépistage du cancer du sein s’est généralisé en France depuis 2004.
Il consiste à inviter gratuitement (prise en charge à 100 % par l'assurance maladie, sans avance de frais) les femmes âgées de 50 à 74 ans, à réaliser tous les deux ans une mammographie (2 clichés par sein) auprès d’un radiologue agréé.
L’enjeu de ce dépistage est de détecter des lésions cancéreuses précoces pour les traiter au plus tôt. La mammographie permet de repérer de petites tumeurs localisées, sans atteinte ganglionnaire, au pronostic très favorable.
La mortalité par cancer du sein a diminué de - 1,5 % par an entre 2005 et 2012 en France, en partie grâce à la précocité des diagnostics, ainsi qu’aux progrès de la prise en charge thérapeutique.
L’Institut National du Cancer (INCA) précise que près de 3 000 femmes pourraient être sauvées chaque année si 70% des femmes de 50 à 74 ans réalisaient tous les 2 ans cet examen dans le cadre du dépistage organisé.
Comment s’établit la prise en charge au sein du Groupe Hospitalier ?
Lorsqu'une anomalie est découverte lors d’une mammographie ou lorsqu'une personne présente des symptômes (palpation de nodule), il sera réalisé une biopsie (prélèvements à travers la peau) par le radiologue.
L’examen anatomopathologique des tissus prélevés par biopsie permet de poser le diagnostic.
L’annonce des résultats est faite à la patiente par le radiologue, le chirurgien ou le médecin traitant.
C’est le début du parcours de soin. La patiente est orientée vers les structures de prise en charge spécialisée.
La prise en charge est pluridisciplinaire et coordonnée, elle comprend :
- - Les soins thérapeutiques : chirurgie, anatomopathologie, oncologie, radiothérapie.
- - Les soins de support : psychologue, sophrologue, diététicien, assistant social.
- - Les accompagnement : sportif, associatif...
Ces professionnels travaillent en collaboration au sein du Groupe Hospitalier afin de permettre le meilleur accompagnement possible pour nos patientes dans leur maladie.
Quels accompagnements sont proposés au Groupe Hospitalier ?
- La consultation infirmière : rôle de coordination de la prise en charge.
- - Avant la chirurgie : consultation d’information, prise de contact, analyse des situations et possible orientation vers une sophrologue, une psychologue ou une assistante sociale. Cette consultation permet aussi de présenter les types de reconstructions.
- - Après la chirurgie pour les soins lorsque nécessaire.
- - La consultation d’annonce diagnostic avec le chirurgien : annonce des résultats et de la future prise en charge. Prise des rendez-vous pour les traitements adjuvant. Maintien des liens avec la sophrologue, psychologue en présence du chirurgien ou en consultations annexes pour diminuer les angoisses.
- La sophrologie : possible tout au long de la prise en charge.
- La psychologie: proposé systématiquement à toutes les patientes et possible à tout moment de la prise en charge.
- La socio esthéticienne.
- Programmes de réadaptation à l’effort proposé aux patientes : La ligue contre le cancer finance deux activités sportives sur La Rochelle afin d’accompagner les patientes à une reprise d’activité et à une rééducation :
- - L’aviron : club de La Rochelle, avenue de la Capitainerie – les Minimes.
- - L’escrime : riposte contre le cancer Cercle d’Escrime Rochelais ; salle Germaine Joris, rue du Moulin de Vendôme.
Les traitements
La chirurgie : différentes interventions sont envisagées selon le type de cancer
- • Traitement conservateur : mastectomie partielle ou tumorectomie, c’est l’ablation de la tumeur au large, toujours associé à un remodelage du sein.
- Double impératif : résultat carcinologique et résultat esthétique utilisation des techniques de chirurgie plastique appliquées au cancer du sein = oncoplastie.
- • Traitement radical : mammectomie ou mastectomie : amputation mammaire emportant la peau, l’aréole, le mamelon et la glande mammaire. Toujours penser à la possibilité d’une reconstruction, immédiate ou secondaire, importance de l’accompagnement et des soins de support.
- • Curage axillaire : consiste à prélever des ganglions de l’aisselle, avec la possibilité de la détection du ganglion sentinelle. Cette technique consiste à prélever les premiers ganglions de l’aisselle après les avoir repérés. Cela permet une analyse fiable et moins douloureuse pour la patiente.
Les traitements adjuvants :
Ce sont les traitements complémentaires qui sont proposés avec l’ensemble des résultats anatomopathologique au cours d’une réunion de concertation pluridisciplinaire.
Quelques notions
Cancer du sein localisé : Il s’agit d’un cancer ne présentant pas de métastases à distance en dehors d’éventuelles métastases ganglionnaires
Traitement adjuvant : Traitement proposé après une intervention considérée comme complète et ayant pour objectif de prévenir la survenue d’éventuelles métastases à distance ou récidive locale.
Traitement néo-adjuvant : Traitement proposé avant une intervention lorsque la tumeur mesure plus de 3 cm ou lorsqu’elle présente des caractères inflammatoires (peV).
Traitement médical : A l’inverse de la radiothérapie et de la chirurgie qui agissent localement, le traitement médical agit sur l’ensemble du corps. Il s’agit d’une chimiothérapie et/ou d'une hormonothérapie.
- - La radiothérapie : pour détruire les cellules cancéreuses, car elles ne se réparent pas aussi bien que les cellules saines. Généralement, 5 jours par semaine sur 6 semaines environ.
- - Hormonothérapie : il s’agit de bloquer certaines hormones pour empêcher la récidive. Ce traitement, long est souvent administré pour une durée de 5 ans.
Les idées reçues
Les parabènes et sels d'aluminium, entrant dans la composition de certains déodorants ou gels douche, favorisent la croissance des tumeurs mammaires.
Faux. Malgré les rumeurs qui circulent sur la toile, il n'y a pas de données scientifiques concluantes qui impliquent les parabènes et les sels d'aluminium dans la survenue du cancer du sein.
La consommation régulière d'alcool augmente le risque de cancer du sein.
Vrai. L'alcool est l'un des facteurs de risque reconnus du cancer du sein. La consommation régulière de deux verres d'alcool ou plus par jour augmente le risque de cancer du sein.
La mammographie peut provoquer un cancer du sein.
Faux. Les bénéfices de la mammographie dépassent largement tout risque dû à la radiation.
Les machines modernes émettent de très faibles doses de radiation et donnent des images de haute qualité. En effet, la dose de radiation utilisée dans une mammographie de dépistage est sept à huit fois inférieure à l'exposition aux radiations terrestres pendant un an.
En cas de cancer, il faut toujours retirer le sein.
Faux. Le sein peut souvent être conservé. Dans ce cas, une radiothérapie postopératoire est en général indiquée. Les patientes pensent souvent à tort que le fait d'enlever le sein leur épargnerait une chimiothérapie. Or, la recommandation concernant la chimiothérapie ne dépend pas de l'étendue de la chirurgie mais des caractéristiques pathologiques et biologiques de la tumeur. Celle-ci est systématiquement analysée dans un laboratoire d'anatomie pathologique.
Le cancer du sein est héréditaire dans la majorité des cas.
Faux. Seuls 5 à 10 % des cas sont dus à des gènes défectueux hérités de l'un des deux parents.
Je n'ai aucun facteur de risque, je suis donc protégée du cancer du sein.
Faux. Dans environ 80 % des cas, aucun facteur de risque (lire par ailleurs) n'est retrouvé. Le fait d'être une femme et d'avancer en âge sont les deux facteurs de risque les plus fréquents.
Le personnel de l’hôpital s’est mobilisé durant un tournoi de mini-handball
Groupe Hospitalier
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